Chères amies, chers amis,
L’année 2023 se termine dans la douleur.
C'est vrai sur la scène internationale, avec les souffrances liées au conflit israélo-palestinien, ou nos demandes de cessez-le-feu restent lettre morte, et où le chemin de la paix est plus que jamais semé d'embuches.
C'est vrai également dans notre pays où le pire se produit.
Nous vivons un effondrement. La crise ouverte par l'alliance entre la droite les macronistes et le rassemblement national n'est pas seulement politique : elle est également morale.
Cette situation n'est pas le fruit d'un instant d'égarement, mais d'une stratégie du brouillage permanent mise au service de l'ambition d'un quarteron de cyniques qui hâte l'avènement de l'extrême-droite qu'ils étaient censés combattre. Pour faire passer par tous les moyens un texte funeste pour les droits humains, le macronisme a tout cédé de ses prétendues valeurs dont nous comprenons maintenant qu'elles n'étaient que l'alibi de sa soif de pouvoir.
France ou est passé ton universalisme, avec cette loi scélérate qui stigmatise, discrimine, étend le domaine de l'arbitraire?
Le mal qui nous frappe n'est pas seulement national, mais s'inscrit dans une tendance européenne. En Hongrie, en Pologne, mais aussi désormais en Italie, en Suède, en Finlande, en Slovaquie et aux Pays-Bas, les droites extrêmes, les nationaux-populistes, se hissent au pouvoir et imposent petit à petit leur agenda culturel : recul des droits fondamentaux, atteintes à l'état de droit et à la démocratie, opposition forcenée à l'écologie et à la protection du vivant.
Alors oui, aujourd’hui, j'ai mal à ma France, et j'ai peur pour l'Europe.
Au moment même où une loi scélérate était adoptée à l’Assemblée nationale, deux accords étaient passés à Bruxelles :
- le premier sur un Pacte migratoire venant lui aussi durcir les conditions d’arrivée et d’accueil des exilé.e.s cherchant refuge sur le sol européen ;
- le second, entre les états-membres, sur la réforme du Pacte de stabilité budgétaire sous une forme qui entérine le retour à l’austérité et entravera tous les investissements pourtant indispensables à la transition écologique et sociale.
Je me suis engagée à ne pas céder à la guerre des gauches. Mais il faut parfois réclamer la clarté. Les socialistes européens soutiennent ces réformes inacceptables. Pourquoi ?
Nous sommes les plus cohérents. En France comme à Bruxelles, nous défendons d’un même tenant les droits humains et ceux du vivant. Je salue le travail effectué avec les organisations de la société civile : syndicats, ONGs environnementales comme de solidarité, travaillent de concert avec les écologistes européens pour un autre Pacte budgétaire et contre les législations faisant reculer les droits humains. Ce sont nos alliés dans la transformation.
Nous, écologistes, tenons bon. Et je veux le redire, le réécrire ici : face à la gangrène national-populiste, nous nous battons pour que des milliers de personnes connaissant une vie plus douce. La douceur est notre horizon. Car la douceur n’est pas ce qui faiblit, elle est ce qui résiste. Elle n’est pas ce qui flanche, elle est ce qui sauve. La douceur, c’est la recherche d’une politique qui respecte tant les limites de la planète que les besoins fondamentaux des êtres humains.
Il nous faut résister, et relever la tête.